Bonjour, je suis Xavier de Spring Invest, un fonds d’investissement français dédié à la RetailTech. Bienvenue dans la dernière édition des Retail Chronicles, notre lettre bimensuelle consacrée aux tendances dans la distribution, les marques et l’innovation du commerce.
📈 Quelques données sur le commerce à l’heure du covid
Le BCG et FoxIntelligence ont publié un rapport sur l'e-commerce français montrant un fort contraste entre l'alimentaire et le non-alimentaire. Alors que l'e-commerce alimentaire a connu une forte croissance pendant la période de confinement, sa croissance s'est rapidement érodée et il est maintenant presque revenu aux niveaux d'avant crise. En revanche, l'e-commerce non-alimentaire a accéléré après le confinement, porté par l'équipement de la maison et le bricolage.
Cet essor de l’équipement de la maison semble être une tendance de fond. Le BHV a profité du confinement pour réorganiser son magasin et la répartition de ses ventes entre les univers de la Maison et de la Mode est passée de 50/50 à 60/40 et probablement 65/35 demain.
Enfin, Marketwatch constate que la croissance de l’e-commerce ralentit aux États-Unis, car les consommateurs ressentent une forme “d’usure de la quarantaine" et retournent en magasin.
📰 Nouveaux éléments de réflexion sur le Direct To Consumer
⮞ Les consultants du Digital Native Group viennent de publier une analyse intéressante sur la saturation des DNVBs par segment de marché en France. Ils ont simplement divisé le nombre de DNVBs dans chaque segment par la taille du marché. Les segments les plus saturés sont la bijouterie, l'hygiène féminine, les sous-vêtements masculins et la maroquinerie. Les moins saturés sont l’alimentation, la boisson, l’ameublement et la bagagerie. Bien évidemment, ces scores de "saturation" ne disent rien sur la force des opérateurs historiques, la satisfaction des clients à l'égard des marques existantes ou la capacité des jeunes marques à toucher efficacement les consommateurs. Il demeure que le nombre de DNVBs ciblant certains segments de marché minuscules interroge. 6 DNVBs dans les sous-vêtements masculins, sérieusement...
⮞ Par ailleurs, nous avons publié dans Maddyness une version abrégée de notre article sur les ONVBs (l’évolution omnicanale du DNVB), et cette fois-ci, c’est en accès libre.
🚀 La RetailTech française est sous stéroïdes
Deux investissements majeurs ont été annoncés ces derniers jours.
Exotec, fournisseur de mini-robots pour l'automatisation de tâches au sein des entrepôts a levé une Série C de 90m€.
Et Mirakl, la plateforme qui fait tourner nombre de marketplaces B2C et B2B vient de lever la somme impressionnante de 300m€.
Ces deux opérations montrent que le marché de la RetailTech française est sain, en plein essor et capable de produire des leaders. Et que les start-ups françaises qui réussissent sont en mesure lever des fonds importants, même à l’ère du covid.
🛒 Puisqu'il est question de succès, parlons de Shopify
Bessemer Venture Partners, un capital-risqueur américain, a récemment publié une partie de ses mémos d'investissement — dont celui concernant son entrée au capital de Shopify en 2010, à hauteur de 5 millions de dollars.
Si ce mémo donne aux non-initiés un regard sur la façon dont nous travaillons et abordons les risques, je trouve ce document particulièrement intéressant à deux égards.
Premièrement, Shopify cible depuis sa création les petites entreprises, ce qui est communément considéré comme un mauvais business model, car le coût des ventes est souvent prohibitif. Pourtant, Shopify a réussi, et bien au-delà des attentes.
En parlant de succès et d'attentes, BVP avait élaboré sept scénarios de sortie dans sa note d'investissement, le plus volontariste valorisant Shopify à 400m$ en 2016. La capitalisation boursière de Shopify s'élève aujourd'hui à 120Mds$.
Si Shopify vous intéresse autant que nous, Web Smith a écrit un excellent papier dans lequel il suggère des raisons pour sa réussite sur ce marché impitoyable : l'excellence produit et les effets de réseau. A lire.
🔎 Les profits d’Amazon
Benedict Evans a publié une analyse des comptes d'Amazon. Il combat l'idée erronée selon laquelle seul AWS (Amazon Web Services), son activité de cloud computing, réalise un quelconque profit.
À première vue, il semble pourtant que ce soit le cas : l'année dernière, AWS a réalisé 9Mds$ de résultat d'exploitation sur un total de 13Mds$ (en 2017, c'était pire, AWS représentait 4Mds$ sur un total de 4,5Mds$ de résultat). Mais cette présentation est trompeuse. En y regardant de plus près, il apparaît que les opérations e-commerce américaines sont en réalité également très rentables, avec un résultat d'exploitation de 7Mds$ en 2019.
Le tableau réel du résultat opérationnel d'Amazon est donc le suivant : AWS = 9Mds$, e-commerce US = 7Mds$, et e-commerce dans le reste du monde = (3Mds$).
C'est une mauvaise nouvelle pour les distributeurs du monde entier. Amazon ne subventionne pas son activité e-commerce avec les bénéfices d'AWS. L’e-commerce est parfaitement capable d’être profitable par lui-même. Une scission d'AWS ne fera pas disparaître la menace.
👍 Si vous avez aimé ces Retail Chronicles et voulez nous aider à les faire grandir, merci de partager cette lettre avec vos collègues et amis. Si vous les avez détestées, envoyez-la plutôt à vos ennemis. Nous vous souhaitons une bonne journée et à bientôt.
Qui sommes-nous?
Spring Invest est un fonds d’investissement français dédié aux entreprises qui participent à l’avenir du commerce et de la distribution. Nous investissons à la fois dans des Enablers, des entreprises B2B qui offrent des solutions innovantes aux (e-)commerçants et aux marques, et dans des Disrupters qui déploient de nouveaux modèles de distribution. Notre stratégie d’investissement repose sur des liens étroits avec plus de 50 distributeurs et marques européens qui nous permettent de fournir une accélération commerciale aux sociétés de notre portefeuille. Nous apportons également un accompagnement opérationel à notre portefeuille via une équipe dédiée de Venture Partners experts en organisation commerciale, communication, RH ou développement international.